COUPE

7e TOUR

 

SARRE-UNION (DH) - STADE DE REIMS : 0-4

Samedi 23 novembre 2002 - COUPE DE FRANCE : 7e tour

Ludovic Liron 34e - Bertrand Tchami, 75e - Frédéric Formeaux, 78e - Jérôme Frétard, 87e

 

Les Boucs ont pris l'eau

 

 

Bonne rentrée pour Stéphane Laquait à Sarre-Union

La pluie s'est invitée à cet historique rendez-vous sportif de l'USSU. Elle aura en partie gâché ce qui aurait dû être une grande fête populaire. Du monde, il y en avait quand même beaucoup. Près de 1 700 entrées payantes. Plusieurs dizaines d'inconditionnels s'étaient maquillés aux couleurs de leur équipe fétiche, d'autres, musiciens de la philharmonie, avaient sorti leurs instruments pour donner le tempo et encourager les joueurs. D'autres encore affichaient les écharpes bleues de l'union sportive de Sarre-Union.

Dans les tribunes au milieu du public, le maire, le conseiller général, l'ancien sénateur-maire de Harskirchen et de nombreux élus, bientôt rejoints par le député. Tout autour du terrain, des gens, de tous âges, de toutes classes sociales. Tous ont vibré dans un seul et même espoir : arracher une victoire aux dépens de la prestigieuse équipe de L2, le Stade de Reims. De Champagne sont venus deux bus et plusieurs voitures particulières. Des vrais mordus ceux-là, qui n'hésitent pas à faire quatre bonnes heures d'autoroute pour voir leur team favori disputer son premier tour de la coupe de France contre une équipe de division d'honneur.

Bicyclette

Les quatre niveaux qui séparent les deux formations n'ont pas sauté à l'oeil dans les premières 45 minutes de jeu. Reims, bien entendu dominait, mais les alsaciens faisaient mieux que de se défendre. Quelques banderilles en direction du but adverse, comme cette tête légèrement au-dessus ou cet acrobatique figure nommée "bicyclette" ont même (presque) fait oublier le danger que les champenois créaient à chaque fois qu'ils approchaient de la surface de réparation de Sarre-Union et l'ouverture de la marque en leur faveur après la demi-heure de jeu.

Ils n'étaient pas transcendants cependant et à la mi-temps on a même entendu certains membres du staff rémois s'interroger sur la prestation jugée trop molle, de leurs protégés.

 

Liron, à droite, a ouvert le score à la suite d'un corner.

Logique respectée

A ce moment précis, les pronostics allaient encore bon train du coté alsacien. Et on gardait l'espoir de renverser la vapeur. A ceux qui regrettaient la pluie, d'autres répondaient que les conditions atmosphériques empêchaient les professionnels de poser et de construire leur jeu. Aux autres qui constataient un léger fléchissement physique des amateurs lors des dix dernières minutes on promettait que la pause allait leur redonner vigueur et dynamisme. Pour la tactique, maintenant que l'on avait pu cerner le système de jeu de Reims, on pouvait faire confiance au coach et au président.

Bref, on allait voir ce que l'on allait voir ! Et on a vu ! Vaillants certes, volontaires et déterminés sans aucun doute, les alsaciens n'ont cependant pas été capables de bousculer leurs opposants. Ces derniers par contre avaient cette fois pris toute la mesure des sarre-unionnais, ont joué au ballon, et les ont fait courir et courir encore.

Tant et si bien qu'à la 70eme minute ils doublaient la marque, comme à la parade. Une très belle action de jeu qui ne souffrait d'aucune sorte de contestation. Et ce n'était pas fini. Par deux fois encore ils ont fait trembler les filets de la cage locale. L'affaire était pliée, la messe était dite... et la pluie continuait son action en sapant encore davantage le moral des supporters douchés et transis de froid.

Dans les rangs champenois on restait humble et serein. La logique avait été respectée, Sarre-Union avait offert une belle résistance et n'a jamais baissé les bras. Il ne restait plus qu'à chercher un peu de chaleur et de repartir dans la nuit, le vent et le froid... J.-L. W. et Th.B.

 

clic Feuille de match

 

 

LE DIRECT

 

A l'image de sa défense, Steve Schoerter

le latéral gauche des Boucs a sombré corps et bien

17h - Conditions météo épouvantables à Sarre-Union. Il fait un froid sibérien, le terrain est balayé par le vent et, pour couronner le tout, il pleut à torrents. Comme prévu depuis lundi dernier, Arnaud Balijon gardera les buts rémois.

15e - A peine plus de 2.000 personnes à Sarre-Union. Reims domine stérilement. Pas d'actions dangereuses devant les buts de Schmid.

30e - Reims domine... et perd régulièrement la balle à 30 mètres du but. Mais, c'est Sarre-Union qui a falli ouvrir le score, gâchant une occasion immanquable. Seul aux 6 mètres, Sébastien Hoffmann reprend de la tête, mais le ballon de l'attaquant alsacien frôle la transversale. Pour la petite histoire, l'attaquant alsacien figurait sur les tablettes de Marc Collat durant l'intersaison... mais il exigeait un contrat pro pour venir en Champagne. Résultat : aujourd'hui, il doit toujours se contenter d'évoluer en... DH.

34e - But de Ludovic Liron à la suite d'un corner. Le défenseur rémois profite d'un cafouillage dans la défense pour pousser le ballon au fond des filets. Pas spectaculaire, mais efficace.

45e - C'est la mi-temps. Reims a monopolisé le ballon pendant toute la première période et mène très logiquement au score.

Pour cette rencontre, Haddadou a été repositionné en tant que milieu offensif axial, en soutien de David François, un poste auquel il s'avère particulièrement à l'aise. En revanche, Bertrand Tchami, qui évolue en tant que deuxième attaquant aux côtés du n°7 rémois, s'est fait trop discret au cours de cette première période.

46e - C'est reparti sur la pelouse-savonnette de Sarre-Union. Dans les vestiaires, les consignes de Marc Collat ont été claires : il n'est pas question de s'en tenir à ce score étriqué. Le coach rémois sera-t-il entendu ? Réponse dans 45 minutes.

50e - Il pleut des cordes sur l'Alsace bossue.

60e - La pluie redouble d'intensité à Sarre-Union et la pelouse est maintenant à la limite du praticable, ce qui favorise l'équipe alsacienne au jeu moins technique que celui du Stade.

65e - Rien de nouveau du côté de Sarre-Union où le public est littéralement frigorifié autour de la main courante. Seul un coup-franc alsacien aux 20 mètres a créé quelque animation, mais la balle a échoué dans le mur.

75e - Les supporters de Sarre-Union font grise mine. Même si la pluie est moins forte, la poudre de leur attaque "de feu" est mouillée.

But de Bertrand Tchami comme à l'entraînement ! Débordement sur l'aile gauche, centre, reprise du plat du pied.

78e - But de Frédéric Formeaux. Frédéric Formeaux qui vient de remplacer Mohamed Haddadou s'infiltre dans la surface. La défense alsacienne reste scotchée, croyant au hors-jeu. L'Axonais du Stade lobbe le gardien. Le Picardie fight spirit n'est pas une vaine formule.

80e - Louiron remplace Liron et le "marcassin" Frétard remplace Laquait.

Mauvaise nouvelle pour le Stade : Mohamed Haddadou a dû quitter la pelouse à la suite d'un tacle assassin. Il pourrait être indisponible contre Gueugnon.

87e - but de Jérôme Frétard qui, du même coup, fait taire ses détracteurs après la fin de match "houleuse" à Clermont. Là encore, c'est un but comme à l'entraînement, similaire à celui de Bertrand Tchami. Débordement sur l'aile gauche, centre, reprise du plat du pied. A noter que Hertzog, l'arrière droit de Sarre-Union, vit une après-midi difficile. Comme certains le soulignent de façon imaginée, il se fait "cramer" régulièrement par Sébastien Gondouin.

C'est fini à Sarre-Union. Contrat rempli pour les Rémois.

 

Merci à Laurent Meunier et à tous ceux qui ont pris l'eau pour faire remonter ces informations en direct de l'Alsace Bossue

 

 

L'AVANT-MATCH

 

ILS Y CROIENT !

"L'équipe de Reims était mythique, mais elle ne fait plus peur à personne..."

 

Traxel, ce héros

La tension de l'attente est presque palpable. La rencontre qui opposera samedi Sarre-Union à Reims pour le compte du septième tour de la Coupe de France de football alimente chaque jour davantage les conversations d'une population globalement unie derrière son équipe. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'optimisme est de rigueur : ce sera la victoire, ou rien.

 

Dans les rues de Sarre-Union, les conversations sur le grand moment du week-end vont bon train. Sitôt le sujet abordé, la plupart des passants y vont en effet de leur petite analyse. Certains ignorant encore l'ampleur de l'événement, mais tous témoignant, une fois informés, de la même constance dans l'optimisme : Sarre-Union a toutes ses chances de remporter la partie.

Certes, quelques irréductibles témoignent encore et toujours de leur peu d'intérêt pour l'événement, tandis que de rares inquiets craignent de subir une défaite, mais le fait est là, incontestable : les supporters, les amateurs et les dilettantes du football sont globalement tous derrière l'USSU. Preuve que le fameux douzième homme ne fera pas défaut...

Au fil du périple, on s'attarde alors quelques instants, également, dans les commerces et les cafés. Là, on rencontre quelques connaisseurs avides de partager leurs analyses d'avant-match. " Reims est en mauvaise position dans le championnat de L2, alors il est raisonnable de penser que l'USSU, en pleine forme, puisse créer la surprise ". Et on s'embarque avec eux dans l'analyse de l'équipe adverse, dans l'évocation des forces et des faiblesses de la formation locale. Tout cela pour finir sur le même discours enthousiaste : " Sarre-Union gagnera ". " Après tout, note l'un de ces fervents admirateurs, on a bien le droit d'être un peu chauvin ". Certainement.

Solidarité lorraine

Il ne faudrait d'ailleurs surtout pas croire que la cité sarre-unionnaise vibre seule pour ses héros. Dans les brigades de gendarmerie, les agents tiennent en effet pour la plupart le même discours plus que positif sur la rencontre. A Drulingen, Alexandre, s'il avoue ne pas y connaître grand-chose, soutient Sarre-Union par solidarité. " Ils gagneront 2-1 ".

A La Petite-Pierre, Yannick, lui, est plus inquiet : " Je pense que Reims gagnera 3-1, parce que Sarre-Union souffrira en seconde mi-temps. Mais ça ne m'empêche pas d'espérer : ce serait une sacrée surprise qu'un si grand nom du foot soit battu ici ".

A Sarralbe, Eric va même jusqu'à regretter de ne pouvoir assister au match : " C'est dommage, je travaille. Mais je prédis que Sarre-Union gagnera 3-0 ".

Témoignage d'un soutien sans faille des Lorrains qui touche même les effectifs de Sarreguemines : " On ne voit pas trop Sarre-Union l'emporter, mais on espère, expliquent Bernard et Bernard. De toutes façons, on soutient l'USSU et on pronostique le 2-1 à leur avantage ". Visiblement, les Lorrains sont solidaires de leurs voisins alsaciens. Et on dit que l'union fait la force... Nicolas Blanchard

 

 

C'est l'effervescence en Alsace

 

C'est l'effervescence en Alsace Bossue ! L'US Sarre-Union a mis les petits plats dans les grands pour la venue de Reims. « On dispose de 3.000 billets dont environ 300 devraient être réservés aux supporters rémois, raconte le président Roudy Keller. Pour ce match historique, je pense qu'on devrait avoir 2.000 spectateurs. C'est de la folie : le téléphone sonne du matin au soir ! » Du côté de l'équipe, la préparation va bon train. Dimanche, en championnat, elle a concédé le nul face au FR Haguenau II dans les arrêts de jeu (1-1), a glissé à la 7e place du classement mais reste sur une série de cinq matches sans défaites (DH + Coupe de France).

 

Olivier Létang le sait : pas question de jouer les gros bras

Les Boucs surmotivés

Fondé en 1924, le club de Sarre-Union n'a quasiment jamais défrayé la chronique régionale ni même départementale. Ces dernières années, cependant, son parcours devient plus intéressant.

Le renouveau de l'USSU qui a touché le fond en 1980 coïncide en fait avec la stabilité d'un comité qui travaille en profondeur depuis une vingtaine d'années. L'arrivée de Roudy Keller, d'abord directeur sportif puis président, n'est pas davantage étrangère à la belle vitalité affichée depuis quelque temps par les joueurs sur les terrains d'Alsace. Le club s'est extirpé des profondeurs du championnat départemental en 95, après trois tentatives avortées.

Cette année-là, en coupe de France, les Sarre-Unionnais sont éliminés par Saverne au 3e tour. Deux ans plus tard, alors qu'ils évoluent en promotion d'excellence, le championnat offre son lot de satisfactions, mais en coupe de France, ce n'est guère brillant : éliminés sans gloire par Herbitzheim. L'année précédente, c'était Vauban qui avait sorti, toujours au 3e tour, les Alsaciens-Bossus. Un derby contre Sarrewerden connaîtra la même issue en 1998, alors qu'en championnat, Sarre-Union coiffe Bischheim sur le poteau, et accède à l'issue d'une bonne saison à l'élite régionale... dix ans après avoir quitté l'avant-dernière série départementale. Porté par la victoire et les montées successives, le club se tient à des places honorables en DH.

En coupe, cependant, c'est une autre affaire, puisque les bleus quittent la compétition après avoir connu la défaite face à Électricité Strasbourg. L'année suivante, c'est au tour de l'ASIM de bouter Sarre-Union hors de l'épreuve nationale au 5e tour. En championnat, ils accrochent une jolie 4e place. Cette année, la chance semble tourner à l'avantage de l'USSU dont les joueurs ont pris le meilleur, successivement, sur Saverne, Schweighouse, Staffelfelden et Eckbolsheim.

Ils connaîtront donc l'honneur d'affronter, en 128e de finale, un 11 de légende : celui du stade de Reims. Il ne fait guère de doute que c'est par millier que l'on comptera les supporters. La journée s'annonce belle, et il est certain que les Alsaciens ne fouleront pas la pelouse pour y faire de la figuration. Le moral semble excellent, et à l'épreuve de tout défaitisme. Ils feront, à n'en pas douter, belle figure. C'est l'essentiel, pour que la fête soit au rendez-vous. Victoire ou non, cette date restera gravée dans les annales sportives de l'Alsace Bossue.