DEMBA TOURÉ

 

ARRIVÉE : MERCATO D'HIVER 2008-2009 (Ligue 2)
ATTAQUANT

Origine : Grasshopper Zürich (D1 suisse)

 


20-12-08 -
Demba Touré, un Sénégalais de 21 ans (1,80 m ; 70 kg) qui évoluait en D1 Suisse, aux Grasshoppers Zürich vient renforcer le Stade de Reims. C'est un joueur de couloirs pouvant évoluer à droite comme à gauche.

Points de vue


VU DU SÉNÉGAL EN 2006


20-12-06 - Des terrains sablonneux de l’Eso, Pape Demba Touré fait aujourd’hui les beaux jours des Grashoppers de Zurich où il a marqué neuf buts cette saison. Avec un riche palmarès, pour avoir été champion de France de football à deux reprises avec Lyon en 2003 et 2004, le garçon de 22 ans multiplie les appels du pied en direction de la tanière. En vacances au Sénégal, le joueur qui nous a rendu visite hier, a fait le tour des questions liées à sa carrière, mais aussi et surtout, à l’équipe nationale qu’il rêve d’intégrer pour apporter sa contribution à l’édifice.

Demba Touré, on vous a vu très jeune dans les rangs de L’Olympique lyonnais. Quel bilan tirez vous de votre présence depuis quelques années dans le haut niveau ?
J’ai vécu beaucoup de choses, notamment à Lyon où j’ai côtoyé de grands joueurs comme Sony Anderson, Sydney Govou, Luyindula, Tony Vairelles et, j’ai beaucoup appris avec eux. Par exemple avec Anderson, on discutait régulièrement, on avait le même agent et, cela m’a beaucoup servi, car même si aujourd’hui je fais partie des plus jeunes joueurs des Grashoppers de Zurich, j’ai quand même mon mot à dire sur tout ce qui se fait sur le terrain.

 

A Lyon vous avez connu des grands moments pour avoir été champions deux fois de suite alors que vous étiez très jeune, racontez-nous un peu ces moments de « folie » si je peux m’exprimer ainsi ?

Ce fut deux époques inoubliables même si je n’avais pas beaucoup joué. C’était des moments très forts pour moi qui venais de sortir du centre de formation. Je pense que ce n’est pas donné à tout footballeur d’être champion de France et je remercie le Tout Puissant pour l’avoir été à deux reprises, même si je n’ai effectué qu’une dizaine de piges avec l’équipe première pour l’ensemble des deux années. D’ailleurs, j’avais l’habitude de dire aux copains que je n’étais pas un vrai champion comparé à Govou, Anderson et les autres, qui ont participé à presque toutes les rencontres du club.

 

Vous expliquez vous, pourquoi votre explosion a tardé, alors qu’après vos deux titres de champions, on vous prédisait un grand avenir de footballeur ? Qu’est ce qui s’est passé ?

Je crois que rien n’est encore perdu vu mon âge, mais il faut aussi dire que c’était presque impossible de faire un trou à Lyon où la concurrence était très rude. Je n’étais même pas quatrième attaquant alors qu’il y avait déjà Luyindula, Vairelles, Anderson, Govou et moi. Vous voyez que ce n’était pas évident. D’ailleurs, c’est ce qui explique mon départ pour la Suisse et les Grashoppers de Zurich où il me reste deux années de contrat, pour mieux rebondir.

 

Croyez vous avoir rebondi comme vous l’espériez ?

Oui, je pense, car mon bilan dans l’élite helvétique est positif. Depuis mon arrivée sur cette terre, je suis titulaire, je marque des buts (9 cette saison), j’ai joué la coupe Uefa, et je crois que c’est assez satisfaisant. Je crois que si je n’ai pas inscrit plus de buts, c’est dû au fait que l’entraîneur m’utilise plus sur le côté, contrairement à Lyon où je jouais attaquant de pointe. N’empêche, j’arrive à tirer mon épingle du jeu et, à scorer dés que la possibilité se présente.

 

Où vous sentez vous le mieux à l’aise, sur le côté où dans l’axe ?

Naturellement, je préfère jouer entre les défenseurs adverses, c’est là mon poste de prédilection, mais je peux aussi évoluer à droite comme attaquant de soutien.

 

A voir Govou s’épanouir en sélection alors que vous avez commencé en même temps que lui et, vous ne pouvez même pas intégrer l’équipe nationale, qu’est ce vous vous dites ?

Je me dis que c’est dommage, mais aussi c’est le football qui est comme ça, les choses bougent différemment selon les personnes. Sydney à la chance d’être resté à l’Olympique Lyonnais où il a beaucoup brillé alors que moi j’étais parti tenter ma chance en Suisse où le championnat est moins médiatisé.

 

Vous êtes incontournable en club, n’est ce pas assez pour jouer en sélection ?

Je dirais oui et non, car le choix des hommes qui doivent arborer la tunique nationale, appartient aux coachs. Ce sont eux seuls qui peuvent décider de qui sera convoqué et qui ne le sera pas. Partant de là, je comprends ma non-sélection. Mais sur le plan des performances, je pense que j’aurai mérité d’être appelé, car je travaille dur au sein de ma formation où je joue régulièrement. J’espère seulement que ma première convocation pour la tanière ne va plus tarder, car c’est l’une de mes priorités du moment.

 

N’avez-vous pas l’impression que les entraîneurs tournent le dos aux professionnels sénégalais qui évoluent en Suisse, en Norvège, en Belgique, en somme, ailleurs que la France et l’Angleterre ?

Tout à fait ! C’est une question que je me pose moi-même. Je pense qu’il faudrait ratisser large, car ce n’est pas qu’en France ou en Angleterre qu’il y a des footballeurs sénégalais talentueux. Partout en Europe, on trouve des joueurs sénégalais pouvant apporter un plus à la tanière, il suffit juste de leur faire confiance. En tout cas, il ne faut pas se voiler la face, le talent existe partout, ce qu’il faut, c’est d’aller la dénicher. C’est pourquoi, durant leurs voyages de supervision, les techniciens doivent faire le tour des Sénégalais évoluant en Europe pour arrêter leur liste. Il ne faut pas seulement se limiter à ceux que l’on a l’habitude de voir à la télé, parce que leurs championnats sont plus médiatisés. Le cas du Togo est assez révélateur car, dans son effectif, rares sont les éléments qui viennent de France où d’Angleterre, la plupart proviennent d’autres pays d’Europe. Et pourtant, ils nous ont coiffés au poteau dans la course au mondial. Il faut encore ouvrir davantage la tanière et composer avec des joueurs de tous les horizons.

 

Comment avez-vous suivi la dernière Can en Egype ?

Comme tout le monde, avec beaucoup d’attention. Je supportais les Lions et, je pense qu’ils méritaient un meilleur sort que l’élimination en demi-finale, dans les conditions que nous connaissons tous. Ils ont seulement manqué de chance et dans une moindre mesure de concentration, mais je pense que pour l’essentiel, tout ce qui devait être fait a été fait par les joueurs.

 

Vous êtes vous dit que vous aviez votre place dans cette équipe ?

Franchement non. Certes j’aurai bien aimé être dans le groupe, mais je ne suis pas pressé, je n’ai que 22 ans et je pense que le futur de la sélection sera faite par les jeunes et avec les jeunes. Actuellement, je fais de mon mieux pour être plus performant à chaque journée de championnat, car c’est la seule voie qui mène en sélection. Dés que tu es rentable en club, il y a de fortes chances pour que tu intègres les rangs et je bosse dur pour cela.

 

Au-delà d’être un symbole, que vous inspire le maillot national ?

C’est toujours une grosse fierté et un bonheur de défendre les couleurs de sa patrie. Cela prouve qu’on est utile pour son pays.

 

Pensez vous souvent à la tanière ?

Naturellement, comme tout footballeur, j’ai à cœur de vêtir la tunique nationale pour porter très haut le flambeau. Mais je n’en fais pas une obsession, je me dis qu’à chaque chose son temps. Peut-être qu’il n’est pas encore venu le temps pour moi de porter le maillot du Sénégal. J’estime quand même qu’à chaque fois que je fais un match plein, tout mon esprit est tourné vers la tanière car, j’ai envie de reproduire la même chose en sélection.

 

Que dite vous du rajeunissement qui s’opère depuis quelques temps en équipe nationale ?

C’est une bonne chose, une politique à encourager, car cela permettra à tout le monde d’avoir sa chance. C’est une façon d’inciter les jeunes à travailler davantage en club, car, sachant qu’il y a un appel de la patrie au bout.

 

A votre avis cela ne pourrait-il pas déteindre sur la bonne ambiance qui règne en sélection si les jeunes poussent les cadres vers la sortie ?

Je ne pense pas. On est tous des sportifs professionnels, et c’est cette concurrence qui va nous permettre de nous bonifier davantage. D’ailleurs, c’est pareil en club, et pourtant on fait avec. Donc je ne vois pas pourquoi cela ne s’appliquerait pas en sélection. Je pense qu’une équipe nationale c’est une continuité, certains partent, d’autres viennent ou reviennent, ainsi va la vie. C’est de la sorte que cela se passe partout, donc le Sénégal ne devrait pas faire exception. Mais je suis persuadé que les anciens sont assez intelligents pour bien intégrer les nouveaux et, qu’ils ont à l’idée que l’entrée de ses jeunes joueurs est de l’intérêt de la nation.

 

Aujourd’hui, c’est le 31 mai, jour où le Sénégal s’était révélé aux yeux du monde entier. Qu’avez-vous envie de dire si vous voyez que l’équipe n’a même pas pu se qualifier pour l’Allemagne ?

C’est le foot qui est ainsi, on peut être déçu par la non-qualification, mais il ne faut pas baisser les bras, il faut se remettre au travail et espérer que la prochaine fois soit la bonne. Ce fut une grande fierté de battre le champion du monde en titre et de se hisser en quarts de finale de coupe du monde. C’est une grosse performance qu’on ne peut rééditer que si l’on se met à travailler en permanence. En comparaison à l’année 2002 où on a été finaliste de Can et quart de finaliste au mondial, le football sénégalais a régressé, mais cela doit nous amener à redoubler d’efforts pour retrouver notre lustre d’antan, sinon faire mieux durant les joutes à venir.

Alioune Badara COULIBALY

 
 

 

Vu des Tribunes : l'actualité du Stade de Reims - Rédaction-conception : Michel HAMEL