YANN KERMORGANT

 

ARRIVÉE : SAISON 2007-2008 (Ligue 2)
ATTAQUANT

Origine : Grenoble (Ligue 2)

 

Itinéraire d'un miraculé



En juillet 2007, Yann Kermorgant, l'ex-buteur de Grenoble, est devenu rémois pour deux ans. Au cours de la saison 2006-2007, il a inscrit 10 buts en 32 matches de L2. Kermorgant n'est pas un buteur pur, mais plutôt un 9.1/2.


Après avoir été considéré comme un sérieux espoir du football breton, il fut stoppé net dans sa progression pendant quatre longues années. La raison : une leucémie. Courageux et motivé, il a vaincu sa maladie pour reprendre sa marche en avant vers son rêve de gosse : jouer en Ligue 1.


Un gamin plein de vie

« Je me souviens d’un gamin plein de vie et de caractère » dit Bernard Le Pocréau, son éducateur en jeunes à l’AS Ménimur Vannes, son club d’enfance. Yann Kermorgant n’est pas que cela. Il est aussi un jeune footballeur talentueux promis à un avenir doré. Signe de ses qualités, à 14 ans, l’enfant du quartier de Ménimur de Vannes intègre même la section sport-étude du Stade Rennais, alors que le Racing Club de Lens a aussi un œil sur le jeune Breton.

Mais quelques mois plus tard, tout s’effondre, son élan est stoppé net par les médecins, suite à un examen sanguin, qui décèle une leucémie, grave maladie du sang. « Quand on vous dit que, pour vous, le foot est terminé, ça fait mal et c’est dur à encaisser. » Plus important qu’un ballon, c’est un combat pour la vie qui démarre alors.

 

"Ce que je voulais avant tout, c’était retrouver une partie de ma jeunesse et mes copains"
En contact avec lui et sa famille durant la maladie, Bernard Le Pocréau avoue « que ça a été un grand calvaire pour lui pendant ces quatre années. Mais il s’en est sorti au fil du temps, grâce à son caractère, son tempérament et sa volonté d’y arriver. » S’en suivent alors plusieurs cures de chimiothérapie et d’hospitalisation afin de « nettoyer » la moelle osseuse, touchée. (NDLR : La leucémie touche environ 5 000 personnes par an, notamment les enfants et les personnes âgées. On obtient environ 70% de rémission)

Après avoir lutté avec acharnement et obstination pour vaincre la maladie, contre les essoufflements et la fatigue, contre les perpétuels problèmes hémorragiques, les médecins lui redonnent le feu vert en 1999. À 18 ans, Yann retrouve alors les joies du ballon rond. Sa passion restée intacte, son retour sur les terrains est pour lui une seconde victoire. « Ce que je voulais avant tout, c’était retrouver une partie de ma jeunesse et mes copains.

J’avais perdu un peu de tout ça pendant ces années et surtout le plaisir des bonnes ambiances dans les vestiaires et sur le terrain ». Et notamment les pelouses de ses premières amours, à Vannes Ménimur...

 

Retour en forme

Erwan Maugam, son entraîneur lors de son retour en Seniors, souligne : « Au départ, c’était un peu délicat par rapport à son problème de santé. On ne savait pas trop comment le gérer. Physiquement, il était assez diminué car il n’avait plus fait de sport depuis sa maladie. On a été plutôt docile avec lui pour qu’il reprenne d’abord du plaisir et qu’il éprouve des sensations. » Mais il ne faut pas longtemps pour que le jeune espoir morbihannais retrouve ses sensations de buteur.

Erwan le confirme : « Dès que la forme est revenue, il a été très efficace. Il n’avait perdu ni son jeu ni ses qualités. De plus, il s’est forgé au fur et à mesure une force de caractère et une envie d’aller plus haut. » Son nom recommence alors à circuler dans les clubs plus huppés de l’Ouest. Mais Yann se pose des questions sur son avenir de footballeur. Sûrement trop vite, car au vu de ses performances, on lui en demande déjà beaucoup...

« C’était peut-être un peu trop par rapport à ce que mentalement j’étais prêt à faire. J’ai même joué avec la Réserve, en Première Division de District et, en fait, je n’y trouvais plus beaucoup de plaisir. C’est pourquoi j’ai failli tout arrêter et me lancer dans le rugby. » Pas si étonnant que ça pour ce gabarit imposant (1,84 m, 84 kg).

Mais plutôt que ce choix radical, il décide de persévérer et tenter sa chance dans le grand club local, le Vannes OC : « J’ai éprouvé un grand plaisir à pouvoir enfin rejouer à un bon niveau. C’était un rêve de gosse d’évoluer dans ma ville avec les grands de la CFA. Je me sentais capable de relever ce challenge à ce moment-là. J’avais bien récupéré physiquement et j’étais prêt à me concentrer, à nouveau, un peu plus sur le football. »

>>>Son plus beau but (Nancy-Reims - Coupe de France - 32èmes - 5 janvier 2008)



"Yann a toujours eu un but précis : être professionnel"
Depuis, l’ascension s’est poursuivie... Après un passage de deux années au VOC, il rejoint le concurrent direct, Châtellerault, pour jouer la montée : « J’ai fait une bonne saison et je me suis bien relancé, avec un coach et une équipe qui m’ont redonné confiance. »

Du coup, Yann se fait remarquer par une équipe de Ligue 2, Grenoble Foot 38, où il s’engage en 2005. À 24 ans, il signe enfin son premier contrat professionnel. Erwan Maugan, son coach Senior à l’AS Ménimur, explique : « Yann a toujours eu un but précis : être professionnel. Avec sa maladie, il a été contraint de mettre entre parenthèses cette idée, mais quand il est revenu au club, au bout de deux ou trois ans, c’est revenu à l’ordre du jour. Il s’est alors donné les moyens et il a réussi. »

Bernard Le Pocréau va dans le même sens : « J’ai senti en lui une rage de vaincre quand il est revenu. Une envie de contrer toutes ses malédictions et de prouver que rien n’était fini. » Un état d’esprit qui ne l’a pas quitté depuis et le pousse à imaginer désormais la Ligue 1, son rêve ultime d’enfant. Bernard jubile. « Je suis heureux pour Yann mais pas étonné du tout. Son parcours prouve qu’il ne faut jamais baisser les bras... »

 

Un cœur gros comme ça...

Sa réussite actuelle n’a pas changé Yann. Il n’oublie surtout pas son passé difficile. C’est pourquoi, en fac de sport à Rennes, dans son cursus de Licence Management, il avait déjà pris l’initiative de mettre en place un projet pour les jeunes malades. « J’avais organisé une opération au profit d’une association du service pédiatrie de l’hôpital de Vannes, à l’époque où je jouais au VOC. J’avais réussi à récupérer pas mal de maillots de clubs professionnels, afin d’organiser une tombola dans le cadre de mon stage. J’avais récolté une belle somme (1500 euros) qui a permis notamment d’acheter des jeux pour les enfants hospitalisés. »

Une action généreuse qui lui tenait à cœur pour montrer aux enfants que l’on peut s’en sortir. La preuve... Depuis, dans les Alpes, et loin de sa Bretagne natale, il s’applique à percer dans le monde pro afin de se faire un nom. Pour lui, mais pas seulement : « Vu que je suis tout jeune professionnel, ce n’est pas évident de se lancer dans de grosses opérations pour l’instant. Mais quand j’aurai un peu plus d’expérience, j’organiserai une nouvelle action. »

Yann, conscient de la chance qu’il a, n’est pas près d’oublier ces jeunes malades. Il suit d’ailleurs le fabuleux travail réalisé par l’association de Laurette Fugain (www.laurettefugain.org), qui aide à la recherche sur les maladies du sang et informe sur les dons de plaquettes. Et son message à l’égard des enfants malades est clair : « Il faut absolument y croire pour s’en sortir. Forcément, c’est très dur à vivre mais il ne faut pas s’arrêter à ces coups du sort. Jamais... »

Damien Philippe (Foot Citoyen)

 

Yann Kermorgant
Né le 8 novembre 1981
Taille :1,84 m
Poids : 84 kg
Poste : attaquant
Clubs successifs : AS Ménimur, Stade Rennais, Vannes OC, Châtellerault SO, Grenoble Foot 38, Stade de Reims.

 

 

 
 

 

Vu des Tribunes : l'actualité du Stade de Reims - Rédaction-conception : Michel HAMEL

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